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Née à Strasbourg, c'est à quatorze ans, lors d'un premier voyage en Chine, que je rencontre Madame la Photographie. A mon retour, certaines images m'émeuvent alors par leur puissance de transmission : transmission d'ambiances, d'émotions, de sensations.
Première expérience de l'image comme trace, comme mémoire.
 
Les années lycée, j'effleure Madame avec le vieil appareil argentique de mon père. Mes parents nous offrent un labo photo noir et blanc d'occase. On l'installe sur une planche de bois au-dessus de la baignoire, on calfeutre les dessous de portes et fenêtres avec du feutre noir. Mon frère s'y enferme souvent, me file les tuyaux pour que Madame se révèle dans les bains, magique et sensuelle sous l'ampoule rouge.
 
La majorité passée, je voyage en Algérie, au Cameroun, au Vietnam, en Chine, accompagnée de Madame, garante de ma mémoire.
C'est au travers de ces photographies de voyage qu'apparaissent les prémices hésitants de ma recherche : disloquer Madame, ne plus l'observer comme un tout, mais comme autant de détails - d'apparence insignifiants - qui ont chacun leur identité propre, racontent un tas de trucs, forcent l'oeil à un regard plus intimiste, plus suggestif.
 
Les années suivantes voient se confirmer ce goût pour la dislocation et le détail. Madame n'est plus qu'une compagne de voyage, elle habite dorénavant mon quotidien. Mon viseur se laisse happer par des bribes de lieux, de corps, d'objets.
 
Je comprendrais alors petit à petit la puissance d'évocation d'un "bout de" : souvenirs, sensations, émotions,  imaginaires, identités ...
Depuis, j'ai l'oeil en loupe
 
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